.Elle.Elle se retrouva dans les méandres de son passé. La vue de ce pendentif ainsi que ce dessin de grenouille lui avait fait percuter des vagues de souvenirs en plein visage. Toutes les images repassèrent sous ses yeux au ralentit, une éternité de seconde qui pour Kalen n'en serait qu'une fraction malheureusement pour elle, son attention détournée pour signer son arrêt de mort.
Elle vit cette jeune femme pas plus vielle qu'elle, venir quérir son parrain pour décimer le clan ennemi qui sévissait sur le territoire de son défunt père, le frère du Patron. La Demoiselle avait repris les rênes après cet assassinat. Elle n'y arriverait pas seule. Ces troupes, le moral dans les catacombes, elle n'avait eu d'autre choix que de quérir de l'aide là où elle savait en trouver. Naturellement, puisque son frère mort par les mains d'un homme au nom de Kalen selon les dires, il prit Eléonore, en qui il avait une confiance aveugle, la seule capable de se charger de cette épine dans son pied. A peine sortie dans la rue , avec la confirmation d'une éventuelle aide, la jeune femme s'était fait abattre d'une flèche en plein front. Le patron était vert de rage, éjectant tout ce qui se trouvait dans la pièce dans des fracas ahurissant lorsqu'Elle vient lui apprendre la nouvelle. Il faillit même s'en prendre à elle par fureur mais, se ravisa, son coeur étant depuis trop longtemps livré à cette belle blonde, bien qu'elle le rejetait sans cesse. Elle ne mélangeait jamais plaisir et travail. Lui n'étant que son employeur.
Elle partie donc dans les rues de Lyon. Le clan de la jeune fille fut anéanti par traitrise. Elle se retrouva seule pour mener à bien sa quête, celle de la venger et de toucher une prime énorme pour le meurtre de Kalen. Elle arrivait toujours à ses fins, s'infiltrant dans les bas fonds des bordels, des ruelles sombres, soustrayant des informations sur ses proies sans trop de difficultés. Le chef de ce clan avait cependant beaucoup '' d' amis''. Elle eut de la peine à le retrouver. Elle finit par avoir un doute d'où il se terrait. Une catin pas assez bavarde pour une fois, s'étant plusieurs fois liée à elle comme informatrice ne voulait rien lui dire étrangement. Elle fut récompensée en trouvant la mort. Elle ligua la prostituée morte sur son lit, éventrée, ses tripes se déversant de chaque côté de son corps en signe d'avertissement. Comme elle savait que toutes rumeurs fusaient bon train dans ce milieu, il aurait tôt fait de savoir qu'elle le cherchait. Elle espérait qu'il ferait une bévue et à ce moment précis, elle l'aurait !
Mais malheureusement, les proies peuvent aussi devenir le chasseur parfois. L'avertissement s'était bien rendu. Elle s'en rendit compte en ce matin de froid hiver de Février se décidant à l'aller le trouver chez lui, mettre son hypothèse à feu. Comme elle venait de mettre le nez dehors, une bourrasque de vent lui fit remettre son manteau plus fermement sur ses épaules. C'est probablement ce qui lui sauva la vie. Le sifflement de l'air changea pour voir un carreau frôler sa gorge. Elle avait eu chaud cette fois. La flèche avait fini sa course dans la bâtisse. L'étonnement fut lisible sur le visage de la sulfureuse blonde et elle s'éclipsa rapidement, ne voulant pas devenir la proie d'autres projectiles quels qu'ils fussent. C'était la première personne qui avait eu le loisir de la surprendre. Ce serait la dernière, elle se le jura. Elle le persécuta jusque dans son ante mais, trop tard, il avait mit les voiles. Elle en fut une tuerie inimaginable, assaillant tout alliés de lui. Jamais elle ne le retrouva cependant, même avec tous les espoirs et le décharnement à la tâche pour se faire.
Des années avaient passé, des contrats effectués ici et là mais, restaient toujours en tête ce nom : Kalen. Elle avait tôt fini d'accumuler des informations sur lui, des descriptions, ses activités. Il s'était pourtant évaporé de la surface de la terre jusqu'à ce qu'une putain de Lodève et amie lui transmettre que l'homme qu'elle cherchait se trouvait dans la région. Elle n'avait pas tôt fait de ce rendre-là, qu'elle se rendit compte que lui non plus ne l'avait pas oublié finalement même trois années plus tard.
La bêtise des souvenirs lui sauta à la gorge. Il en voulait précisément à cet organe d'Elle. Le carreau et maintenant il tentait de l'étouffer par cet avant bras qui s'était glissé et resserrait contre elle, comprimant l'air qui tentait d'affluer à ses poumons. Elle tenta de se débattre mais, il était aussi habitué qu'elle à ce genre de vice. Elle n'avait aucune chance à cette proximité. Elle s'était trahie par la surprise. Il y avait combien de chance qu'elle s'envoit en l'air avec celui qu'elle cherchait à tuer ? Une sur des milliers ! Ce n'était pas sa chance.... Un murmure. Le dernier sensiblement, l'expression des yeux de la belle ne trahirent pas sa peur qui pourtant résidait en elle. Elle pouvait presque voir l'aura de la mort venir la lécher
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J'en suis navré Eléonore... mais je me le dois... adieu...Pas le temps de réprimer un geste ou de tenter quoi que ce soit. Elle senti simplement la pointe d'une lame s'enfoncer sur sa nuque, les mains de la belle tentant de repousser le bras qui sévissait contre elle. Rien à faire, il persista dans ses gestes jusqu'à ce que son corps tremble par les muscle qui se déliaient. Le coup fut fatale, la douleur presque inexistante, comme une libération finalement. S'était fait avoir celle qui pensait prendre.
Elle engloutit avec elle ses secrets de missions, l'identité de son employeur, la véritable femme qu'elle était. LUI la vengerait certainement, la rumeur de sa mort se rendrait jusqu'à lui. Il ne saurait pas dupe, une seule personne avait réussi à se jouer de son ange assassin, il le truciderait bien un jour.
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Constant CorteisBien, les choses semblaient très claires à présent.
Constant s'était beaucoup demandé ce qu'il adviendrait lors de cet échange.
Et de fait, tout était envisageable au moment où il franchissait le seuil du passage aux brigands.
Ils avaient pris cet engagement tous deux, un soir en taverne.
Pour lui il s'agissait d'un jeu, d'une facétie. Et il s'amusait bien, du reste, à se conduire en époux.
Mais il ignorait presque tout de ce qu'il en était pour elle.
Elle n'était pas sérieuse, elle non plus, ça il en était sûr. Mais était elle disposée à continuer à jouer la comédie ?
Pas évident.
En effet, ils n'avaient jamais eu l'occasion d'entamer de visu ce jeu de rôle.
Constant avait quitté Lodève dès le lendemain de la "cérémonie", sans même une nuit de noce, réduisant leur vie de couple à une simple correspondance épistolaire.
A cela, la jeune femme se prêtait volontiers. Pour le reste... Il verrait
Il vit assez vite d'ailleurs.
La jeune femme semblait hésitante au début, et Constant ne parvenait pas à deviner son état d'esprit.
Il faut dire qu'il avait choisi l'approche frontale, et avait commencé fort.
Visiblement pas trop, toutefois, car Hima accepta de se plier au jeu, et en adouba implicitement les règles de son baiser, d'abord, de ses questions ensuite.
C'était à présent à son tour, à lui, de se retrouver confronté aux obligations maritales.
Il devait répondre.
Laissez donc vos émotions vous submerger, très chère !
Après tout, n'est-ce pas en ce terreau fertile que nous puisons la force du lien qui nous uni ?La partie reprenait, et Constant était bien disposé à poursuivre le jeu.
Il avait décidé cette fois de quitter le registre du devoir, pour esquisser celui du sentiment et de la tendresse, inédit entre eux pour le moment.
La jeune femme tenait toujours une de ses mains, et Constant passa l'autre dans ses cheveux, en l'observant d'un air qu'il voulait le plus tendre possible. Il découvrait aussi, d'ailleurs. Il savait qu'il était amusant de se plier par jeu aux devoirs du mariage, il s'amusait de ce décalage cocasse entre le fond d'une réalité presque vide, et la forme lourde et contraignante d'un engagement concret. Qu'en était il de singer les parades amoureuses, ou les cérémonies nuptiales ? A voir.
Il avait pour l'instant fait le plus simple, rebondissant simplement sur une phrase, sans réfléchir, comme une simple pirouette. Il le faisait si souvent.
Il devait à présent répondre au reste, et inventer des excuses. Car en réalité, Constant n'avait aucune raison de ne pas avoir donné signe de vie pendant un long moment.
Je vous demande pardon, ma mie, des tracas que j'ai pu vous causer...
Sachez donc, soyez en sûr, qu'ils furent partagés, et que je n'ai supporté qu'à grand peine de me voir coupé de toute relation, fut elle épistolaire, avec vous !Bon, c'était déjà ça de pris pour réfléchir au reste.
En réalité, savez vous, j'ai été fort occupé ces derniers temps.
Des affaires de famille, essentiellement.C'était parfaitement faux. Le dernier rapport de Constant avec sa famille remontait à presque cinq mois, lorsqu'il avait accompagné sa nièce à la cérémonie d'allégeance du Coms Zacharia. Depuis, il avait eu le temps d'aller à Vendôme, à Paris, à Genève et à Rome. Pas mal.
Vous connaissez peut-être cela, les problèmes de ce genre...
J'en ai soupé pour ma part, et je gage que le point que j'ai pu mettre à cela récemment sera définitif...
Mais qu'importe, tout ceci n'est que billevesées, et m'a déjà suffisamment séparé de vous pour que je ne souhaite pas m'y attarder à présent !
Je vous présenterai seulement une dernière fois mes plus sincères excuses pour ce mutisme qui fut mien, je vous pris de croire qu'il m'a causé bien de la peine.
Mais parlez moi donc de vous, par pitié !
J'éprouve le besoin de me taire quelque peu voyez vous, j'ai bien trop eu à parler ces derniers temps...
Dites moi donc, ma chère, êtes vous restée à Lodève durant mon absence ?
J'ose croire que oui, je vous sais attachée à cette ville, et prise par vos responsabilités ici. Avez vous fait de nouvelles rencontres intéressantes ?Fin du tour.